This article is from the TRM 24 French transport site. This Belgian group is flying Romanian drivers into Belgium, paying Romanian wages and are being taken to court by the Belgian tax authorities for non payment of social charges.
Déjà soupçonné de concurrence déloyale et de dumping social, le transporteur Jost est au cœur d’une nouvelle affaire révélée par la presse belge. Le groupe affrèterait tous les 15 jours un avion pour acheminer près de 180 conducteurs roumains. Le syndicat CSC Transcom a décidé de porter l’affaire devant la justice.
Jost serait-il devenu tour-opérateur spécialisé dans le rapatriement de routiers de l’Est ? En tout cas, tout est réglé comme du papier à musique. Tous les 15 jours, le dimanche matin, un avion avec à bord entre 160 et 180 conducteurs roumains décolle de Bucarest (capitale de la Roumanie) avant d’atterrir à Maastricht, dans le sud des Pays-Bas. De là, ils sont acheminés par autocar sur le site de Herstal de Jost, près de Liège, distant de 45 kilomètres seulement. Juste à temps, pour prendre le volant d’un des camions qui les attendent. Le syndicat a mené sa propre enquête, photos et vidéos à l’appui.
L’affaire est rentable pour le transporteur. Les conducteurs roumains sont payés entre 550 et 600 euros mensuels alors que les routiers belges coûtent à leur employeur près de 5 000 euros (charges comprises). Le calcul est rapide. Les conducteurs ont tous été recrutés par la société Skiptrans située dans le nord-ouest de la Roumanie. En 10 ans, elle est passée de 20 conducteurs à 845 aujourd’hui.
En réalité, le syndicat a été averti par des salariés de Jost. « Ils sont au chômage pour raison de Covid-19 et ils voient d’autres chauffeurs rouler ! » a précisé un responsable de la CSC Transcom.
Lors de la révélation de l’affaire, Jost et Skiptrans ont annoncé réfuter « toutes les accusations portées contre eux et réclament le bénéfice de la présomption d’innocence ». Le COVID a bon dos puisque la société roumaine explique qu’en raison de la pandémie le transport par avion est plus sûr que par autocar.
Par ailleurs, le Paquet routier voté cet été par Bruxelles impose que les conducteurs doivent retourner dans leur propre entreprise toutes les 3 ou 4 semaines. Ils ne peuvent pas passer les 45 heures du week-end dans leur camion. L’employeur doit leur payer une chambre d’hôtel. Il s’avère, selon le syndicat, que Jost n’applique aucune règle du Paquet routier. La plupart des conducteurs roulant près d’un mois sans rentrer chez eux.
Les affaires ne s’arrangent pas pour Jost Group. Le transporteur belge est déjà soupçonné de fraude sociale avec un préjudice de l’ordre de 60 millions d’euros pour la sécurité sociale belge et même de trafic d’êtres humains dans ses filiales roumaines et slovaques. Une enquête est actuellement menée par le parquet fédéral. Des dizaines de camions ont été saisis et le patron, Roland Jost, a été placé plusieurs semaines sous mandat d’arrêt.